lundi 31 août 2009

Dieu


- Peut-être, dit Dieu, mais je n'ai pas le choix. Je vous avais envoyé mon fils en messager, pour qu'il vous explique, pour qu'il vous amène à la compréhension...Mais mon fils, m'a trahi. Il s'est laissé prendre par votre soif inhumaine de vie, il s'est rebellé, et il vous a raconté n'importe quoi...Il passe son temps là-bas, il y est retourné et retourné...il a pris toutes sortes de formes, toutes sortes de noms, et il a continué de vous tromper.
- Et toi alors? dit l'homme, qui avait eu de la sympathie pour le fils de Dieu. Tu ne fais que rester là et attendre.
- Non, dit Dieu, j'empire.
- Pardon?
- C'est moi qui te demande pardon...Oui, j'empire parce que vous êtes trop peu à comprendre. Tout dans votre monde, jusqu'au sort de la plus petite fourmi, est innaceptable, mais vous acceptez. La méchanceté, la haine, la violence sont partout. Autour de vous, en face de vous, en vous. L'horreur sous toutes ses formes. Mais ce n'est pas encore assez, vous continuez à vivre, à dormir, à créer...À vrai dire, je ne sais même plus quoi inventer. Comment faites-vous pour supporter toutes ces horreurs permanentes?...

Dieu implora du regard l'homme auquel cette question n'avait plus à être posée, et l'homme ne put répondre à Dieu. Non seulement parce qu'iln'avait plus à répondre à cette question, mais aussi parce qu'il n'en savait rien.

- Vous ne pourrez jamais changer tout cela, repris Dieu, même ceux ''qui font tout pour que ça aille mieux, qui aident les autres, qui se sacrifient...'' Vous vous obstinez à voir le ''bon côté des choses'', mais les choses n'ont même pas de cotés...L'amour est votre grand sauveur, et sans doute oui, l'amour est très joli, mais il ne suffi pas à racheter tout le reste, il n'y suffira jamais. Le mal est dans votre nature, vous devez changer votre nature...Et vous ne pourrez vivre en paix qu'après avoir renoncé à votre vie.

Dieu regarda l'homme qui lui rendit son regard.

Puis l'homme laissa Dieu et se dirigea vers un pré.


(Extrait p. 171-173 Regis de Sa Moreira, Zéro Tués chez Le Livre de Poche)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire